LES JARDINS D'ISSOLE

Un paysagiste aux Jardins d'Issole
Concevoir un espace végétalisé

Concevoir un espace végétalisé

(ça c'est pour le référencement dans Google !-)

"Notre idée a été de créer un espace végétalisé, une vitrine de ce que l'on apprécie aux Jardins d'issole (association). Que cet espace soit au premier plan des jardins partagés quand on arrive. Bien visible !"

Mais tout n'est pas visible ! "C'est vrai et nous allons voir ensemble ses caractéristiques, les choix qui ont été faits pour l'organiser". C'est Kévin OLIVIERI (polo rayé sur les photos) qui est à l'origine de ce nouveau "Triangle fleuri" des Jardins d'Issole (mars 2024) et de cet article.
Il est installé comme paysagiste à La Roquebrussanne et sait donc de quoi il parle. C'est son métier (voir sa page Facebook, Olivieri Paysage).

Photo : le "triangle fleuri" est en cours de préparation.

 


"Les plantes que nous avons installées tous ensemble sont les suivantes : feijoa, pommier, arbousier, myrte, grenadier, amélanchier, noisetier tortueux, immortelle...Et deux cercles de quelques mètres carrés au premier plan, laissés vierges, pour y accueillir des variétés potagères (tomates, haricots courgettes, courgettes, etc.)".

Voyez-vous la caractéristique dominante ?

1. Un jardin d'ornement...comestible.
Vous avez deviné ? (pas moi). En effet, toutes les  plantes à fleurs et arbustes à fruits citées sont comestibles. C'est une première caractéristique. Un choix qui nous situe dans l'actuel mouvement des "aménagements paysagers comestibles", né au Québec. On peut faire en même temps du beau et du bon, bio et local. Quoi de mieux ! Évidemment j'ai regardé cet inconnu au bataillon qu'est le feijoa ! C'est, autrement dit, le goyavier du Brésil. Il donne de beaux et délicieux fruits, résiste aux chaleurs tropicales et l'hiver venu, supporte les moins dix. Juste parfait. 

2. Un feu d'artifice...au ralenti.

Kévin OLIVIERI reprend : "Les floraisons du massif sont étalées de mars à novembre. Il reste ainsi esthétique tout au long de l'année : explosions des fleurs d'euphorbe characias. Floraisons et hôtes d'insectes pollinisateurs au printemps pour les hémérocalles, verveines, scabieuses ou phlomis. Succession de longues floraisons en été pour diclipteras, nepeta, hesperaloe.

Encore des floraisons à l'automne avec les caryopteris et les asters. L'écorce rouge du cornus 'Winter Flame' et les légers épis des graminées érigées de miscanthus et pennisetum apporteront de la luminosité en hiver. Et seront suivis de peu par les arbres fruitiers annonciateurs du printemps
".

Looping the loop, la boucle est bouclée.


3. Compacité et diversité.


Ce n'est pas un jardin à la française, tracé au cordeau ! Kévin confirme : "elles sont plantées par groupes de deux ou trois pour certaines et disposées pour être vues depuis le chemin des Clos quand on arrive. D'autres, sont en quinconce ou isolées.
Par exemple, les euphorbes sont disséminées pour la structure haute et le feuillage persistant ; les lobelia laxiflora, à la belle floraison de printemps-été, sont en ligne face au regard. Il y a alternance des couleurs, des structures, de la période de floraison et même des parfums
".

Kévin précise : "la connaissance du développement de chaque plante permet de les espacer correctement pour qu'elles finissent par se chevaucher, limitant la pousse des herbes indésirables entre elles : le massif est volontairement compact".  


4. La résistance à la sécheresse.


"Les plantes méditerranéennes 'estivent' : elles adoptent des stratégies d'adaptation à la sécheresse en période estivale. Les cistes, euphorbes, helichrysum, lavandes, romarin, leucophyllum, etc., que l'on trouve naturellement dans le paysage méditéranéen, passent plusieurs mois sans arrosage !

Afin de parvenir artificiellement au même résultat, il faut que nos gestes soient adaptés : "nous démêlons les racines, plaçons du gravier dans le trou de plantation pour le drainage puis formons avec la terre - très très important - des cuvettes d'arrosage autour de chaque motte"


"Les racines des jeunes plantes ne sont pas encore assez développées la première année pour résister à un été sans arrosage. C'est durant cette période que la fréquence d'arrosage est importante : l'espacement entre deux arrosages doit être le plus long possible.

Idéalement toutes les deux semaines, mais à chaque fois un arrosage abondant : un arrosoir par plante dans sa cuvette de plantation pour que l'eau ne ruisselle pas autour. C'est comme ça que les racines s'étirent en profondeur. C'est le but recherché avec les cuvettes d'arrosage. En suivant cette démarche et après un premier été réussi, elles n'auront plus besoin d'être arrosées".
 


Les mauvais arrosages.


"Un arrosage trop fréquent, en plus de la chaleur, favorise le pourrissement de la motte. C'est le mauvais réflexe : une plante dépérit ? On se dit qu'elle n'a toujours pas assez d'eau. Alors on l'arrose, encore et encore, tous les jours : l'eau devient son ennemie. Elle meure."

Arroser au pied des jeunes plantes sans cuvette de plantation entraîne le ruissellement : l'eau ne descend pas en profondeur et elle s'évapore rapidement. L'eau est gaspillée et, de plus, elle profite au développement des 'mauvaises herbes' entre deux plantations !

Le 'goutte à goutte' qui arrose fréquemment les plantes favorise le développement des racines superficielles ! Des racines de surface qui auront toujours soif."


"Le massif vitrine sera enrichi et s'étoffera de lui-même à l'avenir. L'un des objectifs est aussi un entretien limité. Quant aux plantes 'indésirables', elles seront même acceptées.... sous conditions !"
A suivre.

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