LES JARDINS D'ISSOLE

Visite des jardins du
musée de Salagon

Les jardins du Musée de Salagon

Entre émerveillement et une petite tristesse
Bonjour à toutes et tous,

Emerveillement ;o)
Le 27/05 dernier, nous sommes allés en visite sur le site des jardins du prieuré de Salagon.
Là, nous sommes passés de contemplation en contemplation, des jardins du néolithique à ceux des temps modernes, en passant par ceux d’un moyen âge très prolifique … nous avons dégusté les commentaires d’un guide sur les plantes alimentaires, médicinales , aromatiques, voire hallucinogènes et même sur les plus toxiques et pour certaines magiques ou mystérieuses...et tout cela sous un soleil radieux qui à donné à tous ces jardins, couleurs et arômes envoûtants.
Ce fut un moment de découverte aussi poétique que scientifique, une ethnobotanique des plus enrichissante !

Et une petit tristesse ;o(
...en pensant à tous ceux qui n’ont pas pu participer ni à cette petite croisade du jardinage ni au pique nique partagé, dans les aires ombragées et aménagées pour le plus grand confort des visiteurs... heureux de s’asseoir après cette superbe visite !
Alain

                                                                                                  -o0o-

Résumé pour celles et ceux qui n’ont pas encore visité les Jardins du Musée de Salagon (classés « Jardins remarquables »). Quatre jardins présentent 1700 plantes.
Suivi de :
■ ALORS C’EST QUOI L’ETHNOBOTANIQUE ?
■ POURQUOI LES PLANTES SOIGNENT LES HUMAINS ?
■ A QUAND REMONTE L’USAGE DES PLANTES A DES FINS MÉDICINALES ?
■ LES USAGES DES PLANTES

LES QUATRE JARDINS

■ Le jardin des « simples » : ce sont les plantes qui sont utilisées telles qu’on les glane le long des chemins, des haies, des forêts de Haute-Provence. Pas de mélange, comme leur nom l’indique ! Un condiment, une salade sauvage, une poignée de gales du chêne pour que les enfants puissent jouer aux billes…

■ Le jardin médiéval : C’est le jardin d’avant 1492 (Le Moyen âge est la période fixée par les historiens entre la chute de l’Empire Romaine en 476 et Christophe Colomb), qui avec la découverte de l’Amérique marque l’entrée dans « Les temps modernes » (jusqu’en 1789).
Trois zones distinctes : alimentaire, médicinale et d’agrément.
• Dans la zone alimentaire la carotte orange (souche afghane) n’est pas encore là, mais le panais la remplace. On mange l’artichaut, l’aubergine, le cardon, le chou, le melon, la courge médiévale européenne (Lagenaria vulgaris ou Calebassier ou courge bouteille), l'écorce devenant la gourde du pèlerin.
• La zone médicinale reprend les instructions du Capitulaire de Villis, édictées par Charlemagne, père du jardin médiéval.
• La zone d’agrément, toute dévolue au charme des plantes à fleurs est celle de la période culturelle de l’« amour courtois », application de la morale des chevaliers aux relations amoureuses. Le versant sentimental de la pulsion sexuelle dominant largement son versant sensuel (clivage de la pulsion dirait tonton Sigmund). Les plantes sont encadrées de plessis réalisés avec soin, sans doute en gaulettes de châtaignier, comme le veut la tradition.

SUITE APRÈS LES PHOTOS

Photo de Philippe ECHAROUX - projection de visage des Achuars (Cf Philippe DESCOLA)

ALORS C’EST QUOI L’ETHNOBOTANIQUE ?

Science qui étudie « les relations entre les Hommes et les plantes » ? Un définition un peu désuète.
D’autant que la racine grecque « ethno » désigne indifféremment peuple, population et humains en société. Elle est plus générale. On gardera donc de préférence comme définition que l’ethnobotanique étudie les relations entre les groupes humains et les plantes.
L’avantage étant que le « groupe humain » peut être celui d’un pays, d’une région, d’une vallée, d’un village, voire...d’une association. Et ce, partout dans le monde. L’approche est beaucoup plus souple en parlant de « groupes humains » !

UNE APPROCHE PLURI-DISCIPLINAIRE

Les sciences et notamment les sciences humaines se présentent depuis le milieu du XXème siècle comme des carrefours de connaissances. Chaque discipline connexe apportant sa pierre à l’édification du savoir : par exemple la chimie apporte ses connaissances au sujet de la chimie des plantes. On parle de phytochimie et donc d’ethno-phyto-chimie. L’étude de l’effet de ces molécules chimiques sur le corps humain devient la phytopharmacologie. D’où dérive l’ethno-phyto-pharmacologie quand on s’attache à décrire et comprendre ce qu’il en est pour tel ou tel groupe humain.

POURQUOI LES PLANTES SOIGNENT LES HUMAINS ?

Le vivant est apparu il y a 3,8 milliards d’années sur une Terre sans oxygène. La vie anaérobie était représentée par les bactéries, les archées et les virus non parasites.
Il y a 1,5 milliard d’années (entre 1,5 et 2) certaines cellules à noyaux (eucaryotes) ont incorporé une bactérie pratiquant la photosynthèse (appelée à tort « algue bleue ») et sont devenues énergétiquement autonomes (autotrophes). Et ce, en utilisant cette bactérie devenue chloroplaste une fois délestée de son ADN nucléaire (et réduit à un ADNcp, ADN chloroplasmique), pour synthétiser le glucose à partir de l’énergie solaire, l’eau et le gaz carbonique (la photosynthèse).

6 CO2 + 12 H2O + lumière → C6H12O6 + 6 O2 + 6 H2O
"Six molécules de gaz carbonique + 12 molécules d'eau + lumière solaire => une molécule de glucose + six atomes d'oxygène + six molécules d'eau". Telle est la formule chimique de la photosynthèse.

Le glucose, un sucre simple, étant une forme de stockage de l’énergie solaire, dans lequel la plante puise à son rythme l’énergie dont elle a besoin pour croître et se reproduire.
Le règne végétal était né. L’autre, le règne animal, fondé sur l’énergie des déjections de plantes qu’est l’oxygène, n’est pas autonome du point de vue énergétique (hétérotrophe). Il est condamné à rester un parasite des plantes, pour s’approprier les sucres et nutriments qu’il ne peut synthétiser.

Tout cela pour dire que le règne végétal et le règne animal sont tous deux composés d’êtres cellulaires, comme tout le vivant et ont eu des ancêtres communs pendant une très longue période : l’un et l’autre réalisent des processus chimiques communs, encore aujourd’hui. Plus encore, parmi les deux kilos de bactéries intestinales auxquelles nous déléguons la digestion du bol alimentaire, bon nombre d’entre elles contiennent des séquences génétiques du règne végétal. C’est pourquoi les cellules humaines sont sensibles à certaines molécules chimiques synthétisées par les plantes. Et notamment les métabolites dits secondaires.

Les métabolites primaires des plantes regroupent toutes les molécules chimiques qui contribuent à leur croissance et à leur reproduction. Les métabolites secondaires sont toutes les molécules chimiques qui participent à la défense de la plante contre toutes les formes d’agression : bactéries, virus, champignons microscopique, insectes et autres animaux (répulsifs, poisons, attracteurs, antibiotiques, antifongiques, antimicrobiens, antiviraux).
Aussi les humains, parents éloignés des plantes, peuvent utiliser les métabolites secondaires pour se défendre contre les mêmes prédateurs microscopiques.
C’est pourquoi la médecine par les plantes peut exister.

Le chimpanzé se soigne contre le paludisme avec Trichilia rubescens


A QUAND REMONTE L’USAGE DES PLANTES A DES FINS MÉDICINALES ?

Le chimpanzé se soigne contre le paludisme avec Trichilia rubescens

Travaux de Sabrina KRIEF, primatologue et spécialiste de l’automédication chez les primates.

Vous l’aurez compris, il est inutile de remonter notre histoire, séparée de celle des grands primates il y a 7 millions d’années. Dans certains villages en pleine forêt vierge (aux yeux des occidentaux) les villageois observent la consommation de plantes par les singes et en tirent des remèdes.
Le chimpanzé connaît une cinquantaine de plantes à des fins thérapeutiques ou prophylactiques. De leur côté, les singes observant les humains, ont appris à utiliser un couteau ou à éplucher une banane. Ce qui correspond à une culture locale spécifique du groupe de singes au contact des villageois. De quoi amorcer une ethnobotanique animale.

LES USAGES DES PLANTES

Quand on parle d’ethnobotanique, on entend à 95 % « soins par les plantes ». Infusion, décoction, macération alcoolique, oléique, hydrolat, distillation, etc...Toutes les pratiques des groupes humains semblent nous faire revenir à des usages médicinaux. Et pourtant !
Voici une liste, sans doute non exhaustive, de l’usage des plantes par les groupes humains :

Alimentation animale
Alimentation humaine
Armes (attaque et défense)
Boire : boissons alcoolisées, tisanes, thé, café)
Coller : résines et gommes
Combustibles (chauffage, carburant et biocarburant)
Concentrer des molécules métalliques
Condimentaire, aromates, épices
Conserver
Construire (planches, poutres, perches...)
Coudre, tisser : textiles, corde
Couverture et enrichissement des sols
Cuisiner
Décorer: jardins, bouquets, paysages, parure, bijoux : plantes utilisées pour les colliers
Drogues
Éclairer (thérébentine des pins)
Ecrire (papier)
Embaumer
Faire des objets (vannerie)
Filtrage et épuration, phytoremédiation, phyto extraction
Jouer : plantes à usages ludiques (cynips)
Laver, Se laver (plantes à savons)
Lubrifier
Lutter contre l'érosion des sols (oyats)
Musique (herbe, flûte)
Outillage
Parfumer : cosmétique et parfums
pêcher, chasser : pêche (poison, nasse), chasse (pièges, sarbacane,lance, etc.).
Poisons
Religieux, sorciers
Religion (encens)
Rites initiatiques autres
Se droguer (alcool, cannabis, coca, opium, etc.).
Se soigner (médicaments pour prévenir, guérir)
Sexuel
Teindre, teintures

C’est dire que les soins par les plantes ne représentent qu’une petite partie de l’usage des plantes par des groupes humains. Cette liste est pourtant le champ d’étude et d’investigation de l’ethnobotanique, au même titre que les remèdes. Sans oublier qu’aux usages s’ajoutent des savoir-faire, des représentations et des croyances.

MB

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